Appel à communications – La tête de l’emploi, une notion disparue des scènes contemporaines ?

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Colloque international organisé par Dijon, les 5 et 6 juin 2024 

Université de Bourgogne, amphithéâtre de la Maison des Sciences de l’Homme

 

 

En partenariat avec le CPTC de l’université de Bourgogne, le laboratoire Textes et Cultures de l’université d’Artois,

l’Initiative Théâtre de Sorbonne Université, l’ED 019 de Sorbonne Université et le CELLF de Sorbonne Université.

À la croisée du personnage et des comédien·nes, l’emploi est formulé comme « un ensemble de rôles d’une même catégorie, requérant des aptitudes physiques, vocales et sensibles analogues susceptibles d’être interprétés par un même acteur » (Agathe Sanjuan et Martial Poirson, Comédie-Française, Une histoire du théâtre, p. 23). Longtemps, il a été une nécessité pour les compagnies contraintes de jouer un répertoire structuré autour de personnages typés, jusqu’à fonder le système de recrutement au sein des troupes et à organiser la vie théâtrale jusqu’au XXe siècle. Au regard de la démocratisation du théâtre, de la disparition des canevas au profit de récits originaux et singuliers, et de la multiplication des acteur·ices professionnels, il serait tombé en désuétude.

Toutefois, l’emploi semble perdurer sur les scènes contemporaines, en témoignent les nombreuses polémiques et controverses de ces dernières années, sur des choix de distribution ou de mise en scène. Que l’on pense aux débats sur l’interprétation d’une femme trans dans Pour un temps sois peu de Laurène Marx, aux polémiques autour de Kanata (Robert Lepage, Ariane Mnouchkine) et des Suppliantes (Philippe Brunet), ou plus récemment aux vives réactions suscitées par Carte noire nommée désir (Rébecca Chaillon) programmée à Avignon en 2023. Au-delà de l’agitation politique et sociale, ces débats réexaminent la notion d’emploi qu’on croyait disparue au XXe siècle : par exemple, les débats sur l’appropriation culturelle interrogent la concordance (physique, sociale, psychique) entre le personnage et l’acteur·ice qui l’interprète. Aux aptitudes physiques, vocales et sensibles constitutives de l’emploi, s’ajouteraient aujourd’hui des critères liés à l’âge,  l’origine sociale, la race (Sylvie Chalaye, Race et théâtre. Un impensé politique) et l’identité de genre.

Se pose actuellement la question de savoir qui a le droit de représenter qui, qui a le droit de parler de quoi, et qui sont encore les grand·es absent·es des scènes contemporaines. Il en résulte deux positions paradoxales : d’une part, tout le monde pourrait jouer tout le monde, rendant caduc l’emploi et plus généralement le stéréotype (cet argument est tout autant employé au profit d’une vision universaliste de l’art que pour des revendications de représentativité) ; d’autre part, pour exposer les rapports de force qui sous-tendent la société, pour en dénoncer les stéréotypes et pour remédier à l’invisibilisation de certain·es acteur·ices sur scène, des rôles particuliers devraient leur être proposés en priorité.

L’enjeu de ce colloque n’est pas de revenir sur ces polémiques qui font déjà l’objet de nombreuses études et discussions. Il s’agira plutôt de partir d’elles pour examiner la présence (implicite ou explicite), la remobilisation ou encore le déplacement de l’emploi sur les scènes contemporaines. Si le point de départ de notre réflexion est la pratique théâtrale, toutes les autres formes scéniques et spectaculaires pourront être étudiées (cirque, marionnette, danse, opéra, arts du mime et du geste, cabaret…).

Voici les axes qui pourront être étudiés : 

  • Formulations et délimitations de l’emploi : à partir de quoi construit-on un emploi et à quoi renvoie-t-il (genre, race, âge, corpulence, situation de handicap, taille, poids, classe…) ? La formulation est-elle implicite ou non et où apparaît-elle (on pourra s’intéresser aux textes dramatiques, aux annonces de casting, aux programmes de spectacle, aux notes d’intention…) ?
  • Usages de l’emploi : pourquoi recourir à cette notion, ou au contraire pourquoi s’y opposer ? Dans quelles perspectives (militante, sociologique, esthétique…) s’inscrivent cell·eux qui y ont recours ?
  • Conséquences de l’emploi sur la création : dans quelles mesures l’emploi affecte-t-il l’écriture, le jeu, la mise en scène, la scénographie, le répertoire, etc. ?
  • Emploi et réception : quels personnages et acteur·ices le public s’attend-il à voir sur scène ? Quel·les spectateur·ices le théâtre s’attend-il à voir dans ses salles ?

Les propositions de communication d’une longueur comprise entre 1000 et 3000 signes, accompagnées d’une bio-bibliographie, sont à adresser avant le 11 février 2024 aux quatre adresses suivantes :

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