- Journée d'étude
Du 02/06/2023 au
02/06/2023
« Que serait la biologie sans les poètes ? », s’interrogeait Francis Hallé. Pourtant ceux-ci ne cessent de rencontrer leurs limites, cherchant de quelle[…]
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Le Verger est une revue pluridisciplinaire consacrée à l’étude de la Renaissance et dirigée par l’équipe de Cornucopia. Toutes les propositions seront examinées par les membres de l’association en charge du numéro et soumises à l’approbation du comité de lecture.
Dans le cadre fixé par l’appel, les contributrices et les contributeurs sont libres du choix de leur sujet et de leur approche. Les articles peuvent être de longueur variable, dans une limite de 8 à 15 pages, soit entre 30 000 et 50 000 caractères environ (espaces et notes inclus).
Calendrier :
– avant le 1er octobre 2021 : envoi d’une proposition composée d’un titre provisoire et d’un résumé d’une page maximum, accompagnée d’une brève notice bio-bibliographique : site.cornucopia@gmail.com
– novembre 2021 : réponse de l’équipe de Cornucopia et du comité de lecture.
– avant le 31 mars 2022 : remise des articles sous forme électronique (respectant la feuille de style qui sera fournie) pour relecture par l’équipe et par le comité.
– juin 2022 : mise en ligne du numéro.
Dès le moyen français, aventure signifie ce qui peut advenir (au sens de contingence) ou ce qui doit advenir (au sens de destin). Elle désigne également un événement inattendu, à l’issue heureuse ou malheureuse, et digne d’être raconté. On trouve encore au xvie siècle les verbes aventurer (faire courir un danger) et s’aventurer (se risquer), ainsi que le participe passé aventuré (qui arrive par aventure ou qui est soumis au risque) et l’adjectif adventureux (précaire ou inopiné, entreprenant ou téméraire). Le substantif adventurier, qui peut désigner, dans le vocabulaire militaire, le soldat à pied volontaire, peut aussi avoir le sens, comme adjectif, de fortuit.
L’aventure caractérise un large pan de l’imaginaire médiéval, auquel contribuent les romans de chevalerie et les représentations contemporaines du voyage au long cours, que véhiculent notamment les romans d’aventures. Le xvie siècle, qui se trouve en amont de l’un des possibles ancêtres du genre, le Don Quichotte de Cervantès, et en aval de la naissance du cycle arthurien, paraît peu concerné par la notion d’aventure si l’on considère seulement les genres et les titres des ouvrages publiés. Il correspond en outre à une période d’évolution de l’éthique chevaleresque, dont certains déplorent les mutations voire la dégradation, en particulier sur fond de guerres civiles (Deruelle, 2015).
La Renaissance est pourtant la période des grands voyages d’exploration et de conquête, ainsi que de leurs récits largement diffusés. Innervée par la lecture des romans des siècles passés, elle goûte également les poèmes épiques comme celui de l’Arioste, le Roland furieux. Elle est encore, sous l’égide de Lucien récemment redécouvert, une période de vogue des histoires fabuleuses, qu’elles soient des traductions (les Éthiopiques d’Héliodore, par Jacques Amyot) ou des œuvres originales (L’Alector de Barthélemy Aneau).
Pour la période contemporaine, l’aventure serait « avènement de l’événement » (Jankélévitch, 1963) et confrontation avec le hasard, tandis qu’elle serait davantage « attente de l’événement » (Herman, 2018) et poursuite d’une destinée pour la période médiévale. Qu’en est-il au xvie siècle ? L’aventure est-elle d’abord ouverture à l’imprévisible, aux risques et périls de celles et ceux qu’elle implique, ou soumission à un ordre caché qu’il faudrait découvrir et accepter ? L’aventure requérait encore, dès le Moyen Âge, l’« irrésistible implication du sujet » (Agamben, 2016) : revient-elle, à la Renaissance, à s’investir à titre individuel ? À agir ou plutôt à pâtir ?
Nous nous attacherons à l’aventure telle qu’elle peut être thématisée par les textes du début de l’époque moderne mais aussi telle qu’elle peut être décelée dans les pratiques ou les œuvres à partir de définitions actualisées de la notion. Toutes les approches disciplinaires sont les bienvenues : histoire, littérature, histoire de l’art, musicologie, philosophie…
Le thème de l’aventure, qui implique une multiplicité de relations à soi, aux autres et au monde, se veut une manière de célébrer les dix ans de la belle aventure humaine de l’association Cornucopia.
Direction du numéro : Raphaëlle Errera, Anne-Gaëlle Leterrier-Gagliano, Lisa Pochmalicki et Alicia Viaud