Après le colloque du 150e anniversaire consacré aux engagements politiques de Péguy en faveur des peuples opprimés (lycée Lakanal, Sceaux, 7 janvier 2023), le colloque des 19-20 janvier 2024 se tournera vers Péguy comme poète, avec pour objectif d’élargir les horizons et de renouveler les approches sur le sujet.
D’abord parce que l’œuvre poétique de Péguy n’est pas une production à part. Le « clivage prose/poésie » a beau être « entériné par la tradition », il ne va pas de soi, comme l’avait souligné Claire Daudin lors de la publication des Œuvres poétiques et dramatiques dans la « Pléiade » il y a dix ans. Comment se manifeste donc, chez Péguy, le dialogue du polémiste et du poète ? En quoi l’écriture en vers prolonge-t-elle la prose des essais ? De la politique à la poésie, de fait, il y a chez Péguy continuité et non rupture.
Ensuite parce la poésie de Péguy n’est pas enfermée dans les enjeux esthétiques de ses formes écrites. Elle est une expérience sensible. En donnant à voir, elle invite de nombreux artistes à traduire en images son sens du visible. En se donnant à entendre, elle appelle la lecture orale, se prête à la mise en voix, inspire le jeu dramatique. Ces représentations visuelles ou sonores de la poésie de Péguy, quelles formes ont-elles pu prendre ?
Enfin parce qu’il importe de mieux situer Péguy poète parmi les autres poètes – ceux de son temps, et notamment ceux qu’il a publiés dans les Cahiers de la Quinzaine ; ceux de la postérité, de 1914 à nos jours. Quels poètes se réclament de Péguy ? Quels poètes s’inscrivent dans sa lignée ? Si la poésie de Péguy est vivante, c’est dans une large mesure à travers ces lecteurs qui sont aussi des créateurs, à travers ces poètes qui sont ses héritiers – parfois sans le savoir.
Choisir ces perspectives élargies, contre les facilités de l’habitude et d’une pensée toute faite que Péguy avait en horreur, c’est réaffirmer qu’il est tout le contraire d’un « poète mort », c’est-à-dire un poète « connu, compris, classé, catalogué […] et qui ne serait point quelque autre part, qui ne serait point couvé dans quelque cœur » (Les Suppliants parallèles).
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