La littérature, à la différence de textes strictement informatifs comme les recettes de cuisine ou les notices de montage, se caractérise par sa polysémie et par la nécessité de l’interprétation. Mais les résultats du geste herméneutique du lecteur sont loin d’être garantis. La frontière entre interprétation et surinterprétation est parfois plus poreuse qu’on ne le souhaiterait, comme le rappelait Umberto Eco. Or nombreux sont les textes qui, à partir du XXe siècle, ont choisi de jouer de cette ambivalence et de ces risques, en minant le cheminement interprétatif du lecteur par l’entremise de véritables pièges herméneutiques. Qu’elles reprennent le modèle du roman policier à énigme pour le faire dérailler ou qu’elles se présentent comme des textes imposteurs, ces œuvres ont cherché à piéger leur lecteur pour dynamiter son enthousiasme herméneutique et sa confiance dans l’interprétation des signes. C’est cette situation singulière qu’il s’agira d’explorer.