Une philosophie des Antipodes – Athéisme et politique dans le Cymbalum mundi

Alain Mothu

Publié anonymement à la charnière de 1537 et 1538, le petit Cymbalum mundi de Bonaventure des Périers fut aussitôt condamné et presque entièrement supprimé : trois exemplaires seulement subsistent de ses deux éditions faites à Paris puis à Lyon. Pour cause, ce livre cryptique, quoique nullement conçu pour demeurer indéchiffrable, véhiculait sous ses dehors de comédie joyeuse une pensée que son audace condamnait a priori à un silence définitif : une « philosophie des Antipodes » (comprenons : des « Antipodes inférieurs ») qui annonce que le Christ fut un imposteur, que Dieu n’est pas et que l’un et l’autre sont des instruments de domination sociale au service d’Antipodes « supérieurs » intéressés à faire valoir que certains hommes ne sont ni véritablement du même monde, ni tout à fait humains.

Collection : Courant critique