« Que serait la biologie sans les poètes ? », s’interrogeait Francis Hallé. Pourtant ceux-ci ne cessent de rencontrer leurs limites, cherchant de quelle manière la langue poétique pourrait retenir quelque chose de la complexité du vivant. Les travaux actuels de l’écocritique et de l’écopoétique doivent alors en venir à une interrogation en profondeur sur le signe. Les poètes ont-ils contribué à faire émerger la conscience qu’anthropos et les vivants non humains partagent la même « sémiosphère » ? La voie est ouverte pour une relativisation de l’arbitraire du signe, en particulier à partir des travaux de Dominique Lestel s’efforçant de penser une « métabolisation des formes animales par les langages humains ». De quelle manière se pose aujourd’hui la question médiévale du liber naturae, de la « lisibilité du monde » ? Ne nous conduit-elle pas à interroger les survivances et les transformations, au sein des sociétés modernes, de l’ontologie « analogiste » théorisée par Philippe Descola ?
Cette journée rassemblera des communications qui, à partir d’un corpus de poésie – française ou comparatiste – postérieur à 1900 chercheront à articuler les travaux récents de la recherche dans les domaines de la littérature, de la linguistique et des sciences du vivant.