Diderot – Œuvres complètes, tome XXI (Mélanges philosophiques pour Catherine II et autres écrits politiques 1762-1774)

Diderot
Couverture Diderot, oeuvres complètes 21

Le tome XXI des Œuvres complètes de Diderot contient l’une des œuvres les plus connues du philosophe : les Mélanges philosophiques pour Catherine II, jadis publiés par Paul Vernière sous un titre inexact : Mémoires pour Catherine II. Ce texte est accompagné, d’une part de différents textes politiques de Diderot antérieurs au voyage de Russie (1773-1774), parmi lesquels les Fragments politiques échappés du portefeuille d’un philosophe (1772), d’autre part des questionnaires établis par Diderot auprès de l’Académie des sciences de Pétersbourg, du comte Munnich et de la tsarine elle-même, qui montrent toute l’ampleur de l’information que Diderot souhaitait réunir sur la Russie. Une importante introduction montre en effet comment le voyage de Diderot en Russie, loin des légendes dépréciatives qui l’ont accompagné presque aussitôt et qui ont perduré jusqu’à la fin du XXe siècle, voire aujourd’hui encore, a été au contraire minutieusement préparé par un Diderot qui, bien moins naïf qu’on ne l’a dit, apparaît plutôt comme doté d’une conscience aiguë des enjeux politiques, diplomatiques et internationaux de sa démarche, et plus pessimiste qu’optimiste sur ses chances de succès. Cette démarche correspond, comme le montre l’ensemble du volume, à un projet politique extrêmement informé, visant à intégrer la Russie dans le schéma de civilisation dressé notamment par Hume et la philosophie écossaise, via la création d’un tiers état, l’abolition du servage et l’établissement d’une commission des lois siégeant de façon permanente. Par son annotation précise et détaillée et la rigueur de l’établissement du texte, cette édition renouvelle entièrement le sujet. La rhétorique si particulière et trompeuse employée par Diderot est expliquée, les textes mêmes sont restitués selon les autographes du philosophe dans l’ordre le plus probable, jamais respecté jusqu’à présent. Il n’est désormais plus possible de prétendre que Diderot soutint aveuglément la chimère du « despote éclairé » propre aux Lumières. Il en fut au contraire un critique lucide et résolu.

Éditeur·trice·s scientifique·s : Georges Dulac, Gianluigi Goggi, Sergueï Karp, Didier Kahn