Traces et usages du malebranchisme dans le roman français des Lumières (1713-1797)

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La postérité de l’œuvre de Nicolas Malebranche au siècle des Lumières est un fait attesté, non seulement par les nombreuses rééditions de La Recherche de la Vérité, mais aussi par les mentions explicites qui sont faites du philosophe.Les résonances ne se limitent pas au champ philosophique, des traces du malebranchisme se décelant aussi dans des œuvres de fiction romanesque. Ce domaine, il est vrai, éloigné de son registre d’écriture habituel, n’en constitue pas moins un espace privilégié pour l’accueil de la philosophie de Malebranche. Notre hypothèse dans cette perspective est que les sources philosophiques du roman des Lumières ne se situent pas exclusivement dans le triomphe de la révolution empiriste, mais qu’elles incorporent un héritage intellectuel plus vaste dans lequel Malebranche occupe une place déterminante.Les rapports unissant Malebranche au roman des Lumières, quoique multiples, semblent toutefois se cristalliser autour du motif de l’inquiétude, concept d’inspiration augustinienne (« Inquietum est cor nostrum » ), auquel l’oratorien, le premier à l’âge classique, procure « un traitement métaphysique tout à fait explicite » (Jean Deprun). Prolongeant cette veine singulière, le roman des Lumières se peuple alors d’inquiets, de tourmentés, d’incertains ; l’inquiétude s’impose en ce sens comme un motif romanesque d’une grande puissance esthétique autant qu’heuristique, ce qui ouvre ainsi la voie à une postérité romanesque au malebranchisme. C’est cette postérité qu’on se propose d’étudier, et ce, selon trois modalités : esthétique (1), anthropologique (2), et métaphysique(3).